paris, mode d’emploi

paris

Comme je vous l’ai dit, je déménage la semaine prochaine. Je vais devenir une petite provinciale exilée à Paris. De quoi être complètement perdue. Heureusement, des amis bien intentionnés m’ont offertParis, mode d’emploi, bobos, néo-bistrot, paniers bio et autres absurdités de la vie parisienne, de Jean-Laurent Cassely, sans qui j’aurais fait quelques erreurs tragiques pour ma réputation. J’aurai par exemple sourit. J’aurai également pu dire mon métier sans mettre les formes nécessaires, et me retrouver ainsi dénuée de tout intérêt pour les gens branchés. J’aurai également pu me retrouver dans les mauvaises expos, ou les mauvais afterworks… Par bonheur, ce sont des erreurs que je ne ferai pas.

 

Bien entendu, vous l’avez compris, ce livre est à prendre complètement au second degrés. Sous la forme d’un dictionnaire aux entrées pour le moins décalées , Jean-Laurent Cassely nous donne des listes de bons conseils pour décrypter les clichés habituels sur les parisiens.

 

en bref, un petit livre drôle à lire si vous souhaitez partir à Paris, ou même si vous êtes parisien!

 

 

 

Extrait:  « Flyer: comment décrypter un flyer de soirée électro?

 

  Depuis déjà une quinzaine d’années, le Parisien a découvert avec la musique électro une nouvelle raison de sortir, de s’amuser, et surtout de dire des mots d’origine anglo-saxonne. Et comme rien n’enthousiasme le parisien autant que la maîtrise d’idiomes venus des Etats Unis, un cours de décryptage de flyer de soirée électro s’impose dans le cadre de ce mode d’emploi. Pour vous aider à survivre en milieu électro parisien, nous allons donc nous livrer à l’étude sémantique approfondie d’un extrait de flyer lambda.

 

      extrait de flyer trouvé sur le site internet d’un club de référence:  » C’est un mix eklektik et évolutif qui vous fera groover sur la funk, l’électro à base de bootleg hip-hop, le rock, la house et la tek, pour finir sur du break beat, ragga jungle happy drum’n’bass avec la touch personnelle de l’artiste: la breizh’n’bass, courant et concept avant-gardiste qu’elle a inventé. Fasciné par le turntablism, elle intègre du skratch dans ses sets. »

 

    Vous n’avez rien compris à cet extrait? Pas de panique, nous allons le décortiquer méthodiquement.

 

    Remarquez tout d’abord que le chargé de flyer (sans doute un free-lance, voir page 104) a subtilement parsemé son texte de quelques lettres et suffixes à consonance anglophone pour mieux dérouter le lecteur: « eklektik », « tek », « touch personnelle », « turntablism »… Du beau travail.

 

    Passons au contenu. Le « mis » -comprenez le concept en lui même- proposera un choix varié de musiques contemporaines, dont les noms posent quelques problèmes de compréhension. Le caractère éclectique de la soirée est confirmé par l’intention de l’artiste de faire usage de « bootleg », c’est à dire de mélanges de plusieurs sons de provenances diverses.

 

    Arrêtons nous un instant sur deux expressions particulièrement ésotériques: « ragga jungle happy drum’n’bass » et « breizh’n bass ». A l’exception de quelques journalistes très spécialisés et, peut être, des artistes eux-mêmes, personne ne sait vraiment de quoi il peut s’agir. Il est donc inutile de s’attarder sur le sens précis de chaque mots du flyer: l’essentiel est de comprendre la logique d’ensemble.

 

   Corrigé: Les organisateurs de ce concert électronique d’ambiance évolutive se proposent de construire une ambiance musicale propice à la danse, utilisant pour ce faire des musiques chaloupées et des rythmes syncopés provenant de différentes latitudes. L’artiste aura enfin le plaisir de vous initier au courant musical avant gardiste qu’elle a contribué à populariser: l’électronique rythmique d’inspiration celtique. Précision: des performances de tournage de disques avec les doigts seront également au programme »